Bien que le texte date de 2004, il semble tout à fait approprié à notre situation actuelle.
Étant donné que le Québec se targue d’être la province canadienne la plus ouverte à la culture, avouons que les chiffres concernant les bibliothèques sont quelque peu troublants. Même si les statistiques des dernières années dénotent une amélioration des intrants, la comparaison avec l’Ontario et la Colombie-Britannique illustre que cette avancée est tout à fait relative.
Le Québec ne semble toujours pas avoir compris l’importance d’un bon réseau de lecture publique dans la société du savoir. Le coût des bibliothèques est souvent perçu comme une dépense, alors qu’il s’agit en fait d’un investissement. Par rapport à d’autres services publics, le Québec investit toujours beaucoup moins dans les bibliothèques publiques.
Il est évident que le Québec n’a pas pu rattraper le retard accumulé sur le plan de la lecture publique : on sait que, pendant longtemps, le développement de
ce secteur de la culture a fait l’objet d’une obstruction systématique de la part du clergé d’abord, puis d’une classe politique conservatrice (le « duplessisme »), selon laquelle la lecture était réservée à l’élite et n’était pas essentielle au développement social. On se demande parfois s’il ne subsiste pas quelque relent de cet antiintellectualisme au Québec.
Nos gouvernements font pourtant l’éloge de la société du savoir dans laquelle nous entrons, et pour laquelle il faut « être prêt ». Comment peut-on penser que les Québécois seront prêts à concurrencer les autres sociétés dans ce monde du savoir si leurs compétences à l’écrit et à la lecture sont si pauvres ? On sait que, dans certains quartiers de Montréal, le taux d’analphabétisme atteint presque 25 % de la population.
Le réseau de lecture publique peut constituer une stratégie fondamentale
pour permettre à une société de tirer son épingle du jeu dans la société de l’information. Le récent sommet mondial sur la société de l’information l’a
bien démontré. Certains pays comme la Finlande, dont la taille et la population peuvent se comparer à celles du Québec, font des bibliothèques publiques le pilier de leur stratégie d’accès à la société de l’information. L’Unesco appuie depuis plusieurs années un manifeste sur la bibliothèque publique qui en fait la
« principale clé d’accès au savoir». Ce manifeste est publié en 24 langues et appuyé par les gouvernements de plusieurs pays. Dans d’autres pays, les municipalités se mobilisent pour développer la lecture de leurs citoyens et créent, comme en France, une association des Villes-Lecture.
Le virtuel et les nouvelles technologies à eux seuls ne permettront pas à une société de faire face adéquatement aux défis de la société de l’information. La prémisse consiste à amener le public à lire davantage et à s’informer mieux, ce que des bibliothèques publiques bien dotées et bien organisées peuvent faire à merveille.
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