Maire de Brownsburg-Chatham
25 mars 2010
Monsieur le Maire,
Invité à participer au Salon de la lecture parrainé par la Maison populaire de Lachute, j’apprends au cours d’une conversation anodine avec les organisateurs qu’ils ont demandé à une des bibliothécaires de Brownsburg-Chatham de bien vouloir animer une Heure du conte. Or, la jeune femme a répondu que désormais, on devait faire une demande officielle à la greffière de la ville qui se chargerait de transmettre l’information au conseil municipal qui, à son tour, déciderait d’accorder (ou non) son feu vert. Cela s’inscrit apparemment dans la suite logique d’une autre décision du conseil à l’effet que les bibliothécaires ne se rendront plus dans les écoles, ces visites étant jugées superflues et trop coûteuses.
Cela m’a étonné de la part d’un maire qui, en janvier dernier, a assuré la coalition Nous méritons mieux de l’importance qu’il accordait à la culture et à la bibliothèque. Mais cela m’étonne davantage de la part de quelqu’un qui se prétend respectueux des principes démocratiques de liberté et de transparence.
Que vous soyez en désaccord avec la coalition au sujet de l’emplacement futur de la bibliothèque, cela peut se comprendre. Mais lorsque vous sabrez dans le budget de cette dernière, lorsque vous congédiez une bibliothécaire et lorsque vous interdisez à celles qui restent de participer à des activités à l’extérieur de leur lieu habituel de travail, cela ressemble à de l’acharnement.
Cette manière d’agir me rappelle certains potentats africains qui se font élire de manière légitime pour ensuite se transformer en dictateurs ivres de pouvoir.
En exigeant des bibliothécaires qu’elles restent chez elles, dans leur local exigu, ce sont les enfants de Brownsburg-Chatham que vous punissez. Ce sont eux que vous privez d’une porte d’entrée sur la culture et aussi - c’est plus grave - d’un accès à leur imaginaire. Cela, Monsieur le Maire, constitue une atteinte à cette loi non écrite qui veut que l’enfant dispose de tous les outils possibles pour développer ses dons et devenir un adulte responsable et respectable.
Le rôle de l’école est d’apprendre la vie aux jeunes. Les visites des bibliothécaires font partie de cet apprentissage. Leur participation aux manifestations culturelles locales fait également partie de leurs prérogatives puisqu’elles donnent de la visibilité à l’institution qui les emploie.
Je pense, en dernier lieu, que votre conseil municipal a d’autres chats à fouetter que ce genre de misère-là. Quand le conseil intervient sur ce genre de questions, il affirme d’une part qu’il ne fait pas confiance aux employés et d’autre part il démontre qu’il n’a pas tout à fait tout à fait compris ce qu’est une priorité.
J’espère vivement, Monsieur le Maire, que vous allez vous efforcer de rectifier cette situation qui est en train de faire à Brownsburg-Chatham une réputation peu enviable.
François Jobin
Extrait de la Politique de la lecture et du livre, Tiré à part: « Les bibliothèques publiques » du ministère de la culture et des communications, Le temps de lire, un art de vivre:
Favoriser les initiatives régionales d’animation et les projets visant à rejoindre les clientèles peu mobiles
Jusqu’à présent, les bibliothèques n’ont pu faire de façon intensive la promotion de leurs services faute de moyens suffisants. Pourtant, pour toucher davantage de citoyens, il serait important de créer de nouveaux services sur une base régionale ainsi que des activités de promotion et d’animation. Les bibliothèques pourraient utiliser davantage les liens de coopération pour organiser des activités de promotion, telles que des événements régionaux, pour favoriser la lecture. Elles pourraient aussi mettre en commun leur expertise dans le développement de services spécialisés pour rejoindre des groupes particuliers (personnes handicapées, communautés culturelles, etc.) et desservir certaines clientèles par des services « hors les murs » (clubs et résidences de personnes âgées, hôpitaux, groupes en alphabétisation, etc.). Ce type de service existe déjà au Danemark, par exemple, depuis le début des années 1980.
On sait qu’à l’échelle du Québec le taux d’usagers est en moyenne de 31 % et qu’il existe des disparités importantes d’une région à l’autre, les taux variant de 19 % à 40 %. Lorsque l’on compare ces données avec les autres provinces canadiennes où les taux peuvent parfois dépasser les 50 %, il est réaliste de penser qu’il existe un bassin potentiel d’abonnés sur l’ensemble du territoire québécois. Par ailleurs, compte tenu de la nature des facteurs qui empêchent une partie du public de fréquenter ces services publics et des conséquences négatives de l’exclusion sociale dont font l’objet les citoyens qui demeurent en marge de la lecture, une hausse du taux d’usagers doit nécessairement reposer sur de nouvelles activités d’animation culturelle et d’action communautaire plus dynamiques et mieux ciblées.
Pour atteindre ces objectifs, le ministère de la Culture et des Communications mettra sur pied un programme d’engagement d’animateurs ou de médiateurs du livre qui agiront comme des intermédiaires entre la bibliothèque et les citoyens et dont la tâche consistera à :
À noter que, depuis l'élaboration de la politique par le parti Québécois en 1998, l'Observatoire de la culture et des communications du Québec a étudié la situation des bibliothèques publiques au Québec en comparaison avec celles des autres provinces canadiennes. Et il semblerait que le Québec se porte mieux. Hélas, Brownsburg-Chatham s'inscrit à contre-courant. Le rapport est encore tout chaud et fera l'objet d'une publication prochainement sur le blogue. Revenez-nous!
- rejoindre prioritairement les personnes qui ne fréquentent pas les bibliothèques publiques ;
- créer des activités d’animation auprès de ces personnes en intervenant dans les lieux de vie du quartier ;
- organiser des activités d’accompagnement personnalisé dans la bibliothèque afin d’aider les citoyens à s’approprier les lieux et à mieux connaître les outils documentaires et les ouvrages disponibles ;
- établir des collaborations entre la bibliothèque publique, le milieu scolaire et les services de garde pour développer les habitudes de lecture et l’intérêt de fréquenter les bibliothèques chez la jeune clientèle ;
- favoriser les échanges entre citoyens par la présentation d’ouvrages et d’activités d’animation originales autour du livre ;
- établir des relations suivies avec les partenaires des organismes sociaux et communautaires préoccupés par la lecture et le livre.
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