Mes grands-parents, Albert Tremblay et Marguerite Roy, ont eu 15 enfants, qu'ils ont élevés à Saint-Clément, un village situé près de Rivière-du-Loup, dans le Bas-Saint-Laurent. Il a été forgeron, elle, couturière. Ils ont aussi été agriculteurs pendant 17 ans et commerçants pendant sept ans (magasin général).
Ma grand-mère n'avait qu'une 6e année, mais elle aimait lire. Ce loisir était d'une telle importance qu'elle n'aurait pas manqué pour tout l'or du monde le pèlerinage dominical à l'église, où se trouvait la bibliothèque (église magnifique, soit dit en passant). À l'époque, le village comptait 1200 habitants. Ma grand-mère et ses enfants faisaient la file pour se choisir des lectures sans prétention. Parce que ma grand-mère aimait lire, elle savait écrire en faisant très peu de fautes d'orthographe. Et c'est par l'écrit qu'elle a voulu faire cadeau de l'histoire familiale, en remettant à chacun de ses enfants un cahier racontant leur naissance à tous. Parce que l'amour se dit avec des mots, et l'histoire aussi.
En 1980, ma tante Yolande Tremblay sortira la bibliothèque de l'église de Saint-Clément pour l'amener au Centre des loisirs. Il s'agira de la première bibliothèque affiliée à la bibliothèque centrale de prêts des Portages. C'est avec fierté que j'ai appris récemment que le Bas-Saint-Laurent détient le record du taux de fréquentation des bibliothèques (texte à venir sur le blogue). La population de Saint-Clément se maintient aujourd'hui autour de 530. Le service de la bibliothèque y est toujours offert, maintenant dans le centre communautaire. Cette petite localité a perdu le bureau de poste malgré la farouche résistance de la population qui en a occupé les locaux pendant 59 jours. Qu'à cela ne tienne, elle a créé le premier Centre d'accès communautaire Internet de l'est du Québec dans les locaux désaffectés de Poste Canada. Par ailleurs, malgré sa petitesse, la communauté s'est dotée d'un agent de développement. On n'est jamais trop petit pour voir grand.
J'ai toujours vu ma mère avec un bouquin dans les mains avant d’aller se coucher le soir, et souvent même endormie sur son livre. Il était tout naturel pour celle-ci de m'offrir des livres en cadeau. C'étaient de belles surprises et j'appréciais. Et moi de même, je lis devant mes enfants. Les livres se promènent de la table de nuit à la table de la cuisine, du bureau au salon et, oui, à la salle de bain... Dans la chambre de mes enfants, il y a des étagères pour que les livres leur soient accessibles. Et nous fréquentons la bibliothèque. Pour le plaisir de la découverte, pour le plaisir de se faire suggérer des bouquins selon les préoccupations du jour (peur des « bibittes », goût pour le mélange des couleurs, intérêt pour les sons qu'on entend...) L'aîné de trois ans prend plaisir à relire les mêmes volumes pendant toute la durée de l'emprunt, à un point tel qu'il peut compléter lui-même les phrases, parfois même les répéter mot pour mot.
C'est ainsi que je souhaite éduquer mes enfants : en leur donnant les mots qui leur permettront d'entrer en relation avec les autres, de créer, de penser objectivement et de façon autonome, de faire valoir leurs opinions et leurs droits et ainsi, de participer pleinement à la société.
Cynthia Dubé
Résidente de Brownsburg-Chatham
vendredi 26 février 2010
Témoignages 2 - Le livre, la lecture, de génération en génération
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